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Jean-Paul Belmondo: le retour

Article de "Paris Match"
Reportage et Photos: Richard Melloul.
Interview: Ghislain Loustalot.

 

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Encore une fois, il s’est relevé. Comme ressuscité.
A ceux qui le croyait à bout de souffle, Bébel prouve aujourd’hui qu’il est resté le Magnifique. Les coups durs, les blessures, l’acteur tête-brûlé, qui a toujours refusé de se faire doubler, sait comme personne les encaisser. Lorqu’en 2001, un accident cardio-vasculaire le paralyse, l’empêchant même de parler, le James Bond français accuse le choc. Une mauvaise chute aggrave son cas : il se rebiffe, résiste, se bat. Et sort gagnant. Après avoir recouvré la santé, la star retrouve aujourd’hui sa place, l’unique, celle qu’il a laissé inoccupée 7 longues années. Devant l’objectif, il tient le rôle titre d’ « Un homme et son chien », remake d’ « Umberto D. », chef d’œuvre du néo-réalisme italien réalisé, en 1952, par Vittorio De Sica. Pour cela, il aura fallu toute la persuasion de Francis Huster, cette fois-ci réalisateur, et l’insistance du producteur Jean-Louis Livi. « Je le fais, mais à une condition » a demandé l’acteur. « Vous me filmez comme je suis ». Digne et vaillant, exactement comme l’exige le rôle de Charles, un retraité sans le sou, abandonné de tous sinon de son chien et d’une jeune bonne avec qui il se lie d’amitié. Le 25 juillet dernier, l’acteur revenait donc, pour la première fois depuis 2001, face caméra : itinéraire d’un monstre sacré et miraculé.

 

 

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Le goût du clap, il pensait bel et bien l'avoir mis de côté. Jusqu'à ce que le producteur Jean-Louis Livi lui souffle au téléphone les premières scènes d' Un homme et son chien ... Et Bébel replonge. Il sera l'interprète principal de ce remake d'Umberto D..
Le film marque surtout par l'humanité que dégage son personnage central, un retraité sans le sou, abandonné de tous sinon de son chien et d'une jeune bonne avec laquelle il se lie d'amitié.
Depuis des années, Francis Huster rêvait d'en faire l'adaptation. Avec une obsession: "Ce sera avec Jean-Paul Belmondo ou ça ne se fera pas".

 

 

 

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Mercredi 25 juillet* dans une villa transformée en studio, à Vaucresson, Bebel refait ses premiers pas sur un plateau.
La démarche est un peu plus raide qu'avant mais le talent reste inchangé.
Au fil des prises, au lieu de fatiguer, il se régénère, se lève, s'assoit, sans canne, en ponctuant ses mouvement d'un petit "Hop là!"
*La journée du 25 juillet est détaillée dans "Paris Match numéro 3038"

 

L'interview:

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Paris Match: Qu'est ce qui vous a décidé, après 7 ans d'absence et les problèmes de santé importants que l'on connaît, à revenir au cinéma?

Jean-Paul Belmondo: Quand j'ai eu cet accident vasculaire cérébral il y a 6 ans en Corse, j'étais en pleine forme. Je suis resté huit mois sans parler, cinq mois allongé, moi qui était si actif. Et puis, au cours de ma convalescence, j'ai pu me rendre compte que des jeunes de 20 ans étaient dans un état bien pire que le mien, paralysés des pieds jusqu'à la tête, et je me suis dis que finalement j’avais de la chance. Quand j’ai quitté l’hôpital, je me suis juré de me battre pour leur montrer qu’on peut encore faire quelque chose, je ne savais pas quoi mais j’en avais la volonté. Finalement ce sera ce film « Un homme et son chien ». Je le fais pour eux.

PM : Avant le projet qui vous a été présenté par Francis Huster et Jean-Louis Livi, aviez-vous déjà été contacté par des producteurs pour effectuer ce retour que personne n’attendait ?

JPB : Bien sûr, j’aurais pu retourner avant et plusieurs fois. Depuis que je vais mieux, on m’a soumis de nombreux scénarios. Dans la plupart, il m’arrivait un nombre incalculable d’accidents et je prenais au minimum une balle dans le bras toutes les 10 minutes. Vous voyez le genre ! Je ne veux plus de ce type de films d’action. J’ai tout refusé. Je ne souhaitais pas retravailler pour retravailler.

PM : Comment cela s’est il pour « Une homme et son chien » ?

JPB : Jean-Louis Livi, que je connais depuis le temps où il dirigeait l’agence Artmédia, a appelé à la maison, j’ai entendu Natty lui parler, j’ai compris et je lui ai fait signer de refuser.
Elle a raccroché. Pour moi c’était fini pour ça.

PM : Vraiment ?

JPB : Oui, mais à peine cinq minutes plus tard, après que Natty m’avait raconté le pitch, je voulais déjà en savoir plus. J’ai rencontré Jean-Louis, j’ai vu le film original de Vittorio De Sica qui m’avait dirigé il y a presque 50 ans dans « La Ciociara », j’ai lu le nouveau script écrit par Francis Huster. Ce personnage, c’est moi. Ils avaient raison d’insister. J’ai dit : « Je le fais mais à une condition : vous me filmez comme je suis ! »

PM : Qu’est ce qui vous a réellement séduit dans le parcours de ce personnage ?

JPB : Je ne décide pas de revenir sur un plateau de cinéma pour la gloire, mais parce que je me retrouve dans cette histoire empreinte de dignité et d’honneur d’un homme qui a beaucoup vécu, qui paraît en fin de vie, qui s’accroche à la relation affectueuse qui lie à son chien parce qu’il ne lui reste que lui. Je vais me lancer de toutes mes forces dans cette aventure très particulière qui me tient spécialement à cœur. Je ne pense pas qu’il y en ait une autre après. Mais qui sait ?